Lorsqu’il construit des systèmes de transmission, le radioamateur a parfois besoin de systèmes d’alimentation électrique, avec des valeurs qui sortent un peu de l’ordinaire.
Cette alimentation GOPHERT CPS-6017, avec ses 17 Ampères sous 60 Volts, de dimension très raisonnable (26 x 16 x 8 cm) peut être attractive notamment pour certains projets d’amplification à base de transistors MOSFET.
Alors, commençons par observer un peu les entrailles de la bête… après avoir démonté la face avant ou l’arrière, c’est le dessous du boîtier qui se glisse et s’ouvre.
Si l’intérieur n’est pas moche, on reste dans de la construction bas de gamme: des composants sont même fixés à la colle chaude, et le colleur fou, en a largué un peu partout. On va dire que c’est pour résister au transport depuis la Chine ?
Vue de l'intérieur
Sur la mienne, la nappe de 6 fils volants avait même été coincée, entre le support collé sur le condensateur électrochimique central et le coffret du boîtier, marquant le support en profondeur et abîmant au passage l’isolant des conducteurs. On voit la déformation du support, en formes de petites vagues, marquage laissé par la nappe de fils.
Un support collé sur un condensateur
Un condensateur électrochimique de 100uF a même été collé (!), entre les plots de sortie… je pense savoir pourquoi : on en reparle plus loin.
Condensateur collé sur la sortie
La section des fils de sortie en 2.5 mm2 devrait être suffisante pour laisser passer les 17 ampères.
Mais 17 Ampères sous 60 Volts, donne 1020 Watts : cette alimentation serait-elle capable de fournir ces 1000W sur une longue période ?
Lorsqu’on tire un peu dessus (50 Volts / 10 Ampères), elle fait le job, même si le ventilateur intégré situé à l’arrière se fait bien entendre. Il aspire l’air frais du dessous, vers l’arrière, en faisant un joyeux bruit.
Panneau de contrôle
Au contraire d’une autre alimentation GOPHERT 3630 que j’ai depuis plusieurs années, celle-ci est en OFF, lorsqu’on bascule l’interrupteur général sur ON.
C’est à dire qu’après l’avoir allumée, il faut appuyer sur la commande logique « ON/OFF » sur le panneau de contrôle, pour qu’elle commence à débiter.
- L’avantage est qu’on peut visualiser la tension qu’elle va sortir, avant de lui dire de le faire. On imagine bien que du 60V dans un appareil qui n’est pas prévu pour cela, pourrait faire d’importants dégâts.
- Inconvénient : impossible de piloter sa mise en route, par l’intermédiaire d’une commande 220V commutable à distance, puisqu’il faut aller appuyer sur le bouton sur la façade pour qu’elle sorte sa tension.
Sur le panneau en lui même, il y 4 LEDs d’information.
Comme sur toutes les GOPHERT: LED verte C.V. indique un fonctionnement normal, et la LED rouge C.C. indique que quelque-chose ne tourne pas rond: court-circuit (ou ampérage trop important demandé), retour de HF dans la ligne d’alimentation (si, si, j’ai testé !), ou tout simplement qu’elle est sur le « OFF » de la commande logique.
« Watt » indique temporairement une valeur de puissance (U x I) à la place de l’ampérage et enfin, le voyant « Lock » indique que le réglage de tension ou d’ampérage est fixe et ne peut pas être modifié par le vernier, et que les boutons du panneau sont verrouillés. Ca peut limiter les erreurs tragiques.
La navigation entre les fonctions est facile et claire, même si le mode « réglage » est parfois un peu rapide à prendre fin et à revenir automatiquement sur le réglage de voltage par pas de dizaine de millivolts.
Sur la mienne, l’affichage de la valeur du voltage est « juste » à 200 millivolts près, ce qui n’est pas extra, mais pas si mal, même si je n’ai pas vu de réglage interne pour rattraper ce genre d’éventuel petit défaut.
Et coté HF ?
Tout cela est bien beau, mais quid de l’utilisation de cette alimentation à découpage dans le shack radio ?
C’est bien là, que les ennuis commencent: à partir des grandes ondes, et jusqu’au début du décamétriques, tous les 80 kHz environ, le système de hachage génère sur le circuit de sortie, un pic de signal… avec le plus fort signal reçu sur 750 kHz avec un bon S5 sur une antenne extérieure (et S9+10 sur une boucle à l’intérieur).
Un pic tous les 80 kHz
Son filtrage est juste catastrophique. Et c’est vraiment la ligne courant continu qui sert de vecteur de transport à ce signal parasite. L’électronique dans le boîtier en lui même est plutôt « radio-électriquement » silencieux.
Même avec le boitier relié à la terre, ça ne règle pas le problème.
Et dans l’autre sens ? C’est le même problème !
Si l’appareil qui est alimenté renvoi aussi de la Haute Fréquence (HF) vers l’alimentation, celle-ci plante et/ou se met en protection (voir le test en vidéo, ici). Est-ce pour cela qu’un condensateur électrochimique a été installé à l’intérieur ? Peut-être, mais une seule chose est sure, c’est qu’il n’est largement pas suffisant !
Heureusement, un petit filtrage est présent sur l’entrée secteur 220V, limitant (on l’espère), la transmission de HF de ce côté là.
Les signaux parasites entendus,avec plusieurs séquences d’arrêt et mise en route
Avec un circuit de filtrage annexe, connecté sur la ligne de sortie, on commence à la faire taire, et elle devient insensible à la HF, ce qui est une excellente nouvelle.
Si des traces restent encore visibles/audibles sur le spectre radioélectrique, elle doit pouvoir commencer à être utilisable. Malheureusement, de mon coté, j’ai encore quelques signaux parasites, visibles sur 474 kHz, pile dans le secteur de la bande amateur du 630m. C’est dommage, car c’est là où, pour ma part, je désirais l’utiliser…
474 kHz: même sans émetteur, l’alimentation est déjà sur la bonne fréquence !
Par contre, il faut un filtrage capable d’assurer le job jusque 60 volts et 17 ampères… le gros module de filtrage 50V/20A qu’on trouve fréquemment chez les vendeurs chinois est un peu limite, surtout coté ampérage, car il ne tient clairement pas les 20A annoncés. Ses condensateurs électrochimiques 63V peuvent être changés pour des 100V, mais il faudra aussi renforcer les pistes.
Module de filtrage annexe…C’est mieux, mais hélas insuffisant tel quel.
Pour conclure, si j’aime bien les alimentations GOPHERT, ce modèle CPS-6017 n’est pas à faire rentrer dans le shack-radio, en tout cas, pas sans une grosse amélioration du filtrage des fréquences de hachage générées par son électronique.
Je serai aussi réservé pour une utilisation en audio hifi, pour les mêmes raisons. Les composantes de hachage risquent rapidement de devenir envahissantes dans le spectre audible et au dessus, créant une amplification des harmoniques, préjudiciable à la qualité du signal audio.
Pour d’autres utilisations, hors radio et Hifi, elle fait le job, sans coûter trop cher. (dans les 200€ tout de même…)
Pour terminer d’illustrer cet article, voici une vidéo qui va rendre plus évidentes les perturbations radioélectriques qu’elle génère.
Vidéo Youtube - test de la Gophert CPS-6017